Bruno Latour, né en 1947 à Beaune, en Côte d’Or, après une agrégation de philosophie, s’est formé à l’anthropologie en Côte d’Ivoire. Il a longtemps enseigné dans des écoles d’ingénieur, le CNAM d’abord, puis l’Ecole des Mines où il avait rejoint le Centre de sociologie de l’innovation en 1982.
De 2006 à 2017 il a été professeur à Sciences Po Paris dont il a dirigé la recherche de 2007 à 2012. Il a enseigné dans de nombreuses universités à l’étranger.
Il a pris sa retraite des programmes créés par lui à Sciences Po. Le médialab maintenant dirigé par Dominique Cardon, l’école des arts politiques (SPEAP) maintenant dirigée par Frédérique Ait-Touati; le programme d’enseignement par la cartographie de controverses (FORCCAST) maintenant dirigé par Nicolas Benvegnu, et le programme de recherche de Paris Sorbonne Cité, Politiques de la terre, maintenant dirigé par François Gemenne.
Il reste associé au médialab et continue de conseiller ces programmes. Il continue d’assurer le suivi du projet EME (Enquête sur les modes d’existence) et le site associé.
Son premier livre La vie de laboratoire (1979 pour la première édition anglaise; traduit en six langues) décrit le fonctionnement quotidien d’un laboratoire californien en utilisant des méthodes ethnographiques. Il a travaillé ensuite sur les liens entre la révolution de Pasteur et la société française du 19° siècle (Les Microbes Guerre et paix, 1984, traduit en quatre langues).
De plus en plus intéressé par les multiples connections entre la sociologie, l’histoire et l’économie des techniques il a publié un livre de synthèse (La science en action, Poche, Folio, 1987 pour la première édition en anglais; traduit en dix langues) et de nombreux articles sur l’innovation technique. Une étude de cas sur un métro automatique Aramis ou l’amour des techniques (Prix Roberval 1992, traduit en trois langues) lui a permis de résumer les recherches effectuées depuis de nombreuses années sur la dynamique des innovations et la philosophie des techniques qu’elle implique.
Ses intérêts pour les questions de gestion et de d’organisation de la recherche vont de pair avec des travaux d’anthropologie philosophique comme Nous n’avons jamais été modernes (1991, traduit en trente cinq langues) et de culture scientifique comme dans Petites leçons de sociologie des sciences (La Découverte), traduit en quatre langues).
Il a publié Paris ville invisible, un travail de théorie sociologique à partir d’enquêtes photographiques (traduit en quatre langues); et Politiques de la nature-comment faire entrer les sciences en démocratie (traduit en huit langues) qui fait la synthèse des travaux sur la philosophie de l’environnement. Il a publié également un ouvrage sur l’ethnographie du Conseil d’Etat La fabrique du droit (traduit en trois langues). L’espoir de Pandore, traduit de l’anglais par Didier Gille, paru aux éditions la Découverte (traduit en quatre langues) fait le point sur l’impact des “science studies’ sur la philosophie des sciences. Il a publié en français Changer de société- refaire de la sociologie, qui présente au public français la sociologie de la traduction (traduit en sept langues). La plupart des ouvrages anglais sont disponibles chez Harvard University Press; la plupart des ouvrages français sont aux éditions La Découverte.
Après avoir été commissaire de l’exposition Iconoclash, il a organisé en 2005 une autre exposition, toujours avec Peter Weibel, au ZKM de Karlsruhe Making Things Public, et en 2016 Reset Modernity! expositions qui ont toutes les trois fait l’objet de volumineux catalogues aux presses du MIT, Cambridge, Mass. Après avoir fondé le médialab de Sciences Po afin de tirer profit des méthodes numériques pour les sciences sociales, il a créé avec Valérie Pihet le programme expérimental en arts politiques à Sciences Po (SPEAP). Ayant reçu la subvention de recherche de l’ERC en 2011 pour une enquête sur les modes d’existence, il a constitué de 2011 à 2014 une plateforme collaborative qui accompagne le livre Enquête sur les modes d’existence-Une anthropologie des Modernes projet qui continue toujours.
Il a reçu le prix Holberg, en 2013, pour l’ensemble de son oeuvre.