Territoires, Frontières, Migrations

 

Cet axe s’interroge sur les recompositions du territoire induites par le changement climatique et plus globalement par l’Anthropocène. Cet axe interroge les liens entre la matérialité physique des territoires et leur construction politique – comme Etats notamment.

Comme pour les deux autres épreuves, nous avons choisi de nous placer résolument dans une situation de doute quant au bien-fondé des instruments historiquement mobilisés et qui distinguaient deux systèmes, le Monde et la Terre, en choisissant un cas particulier celui des conflits d’urbanisation, cas idéal de mélange social et naturel. Les outils classiques ne sont pas obsolètes, comme ont pu le croire ceux qui ont annoncé la « fin de la géographie » et l’avènement d’un « monde plat » organisé par des réseaux où se réaliserait enfin la victoire de « l’espace des flux sur l’espace des lieux ». Contrairement aux hypothèses proposées par les plus radicaux de ces auteurs, la période historique de transition entre l’ère industrielle et l’Anthropocène se caractérise moins par une abolition des distances et des limites que par une transformation rapide et une complexification de celles-ci.

L’objectif est donc de définir une géographie mouvante où les lieux se rapprochent ou s’éloignent selon l’importance des flux qui les relient, où les proximités dépendent à la fois de la nature des flux considérés et même des acteurs qui participent à l’échange. S’il existe déjà une esquisse de ce que pourrait être une telle analyse spatiale des phénomènes sociaux, tout reste à faire pour l’appliquer à l’articulation des phénomènes sociaux et naturels.

Équipe

N. Blanc (géographie, Paris Diderot – co-pilote), I. Dajoz (écologie, Paris Diderot – co-pilote), J. Chiche (statistique, Sciences Po – co-pilote), D. Boy (sciences politiques, Sciences Po – co-pilote), A. Jardin (sciences politiques, Sciences Po), C. Grasland (géographie, Paris Diderot), M. Foucault (sciences politiques, Sciences Po), N. Douay (aménagement, Paris Diderot), R. Le Goix (géographie, Paris Diderot), A. Rankovic (écologie, IDDRI), P. Genet (écologie, Paris Diderot), É. Motard (écologie, Paris Diderot), C. Schmoll (géographie, Paris Diderot), M. Severo (communication, Paris Diderot), J. Gaillardet (géochimie, IPGP), S. Treyer (gestion de l’environnement, Iddri), F. Garlatti (géographie, Paris Diderot), Marianne Cohen (géographie, Paris Diderot), S. Angles (géographie, Paris Diderot), É. Gresillon (géographie, Paris Diderot), Th. Lamarche (économie, Paris Diderot), A. Flahault (santé publique, Paris Descartes), S. Schütte (santé publique, Paris Descartes), O. Borraz (sociologie, Sciences Po), A. Bar-Hen (statistique, Paris Descartes).

Objectifs

 

AdamLoweTerraFirma

Cet axe reprend les travaux menés sur la territorialisation des émissions de CO2, et sur les zones critiques, inégalités et le maillage associatif. S’y adjoignent des travaux sur les migrations, les frontières et la reconfiguration de la sécurité.

L’étude des gradients centre-périphérie des grandes métropoles est un enjeu majeur du programme, qui postule que la compacité urbaine est un gage de durabilité. La croissance des espaces périurbains a renforcé la dépendance automobile de familles avec enfants. La peur du déclassement social y alimente les votes d’extrême-droite et le ressentiment contre des espaces centraux et péricentraux. Les marges urbaines constitueraient donc des zones critiques sur le plan politique, tout comme elles le seraient sur le plan écologique (mitage des espaces naturels par les lotissements), sur le plan sanitaire (exposition spécifique aux polluants agricoles, éloignement des centres de soin) et sur le plan des réseaux sociaux (importance des lieux de sociabilité virtuels de type Facebook ou Twitter).

Nous souhaitons également étudier les formes de mobilisations environnementales en ville (agriculture urbaine, jardins partagés, etc.), où émergent des formes renouvelées d’action collective, de réappropriation du territoire et de prise en charge de l’environnement. Ces nouveaux modes d’attention à l’environnement (stewardship) mettent en jeu tant sa représentation que son gouvernement, et sont l’occasion d’une production de données qui est, conjointement, en prise directe à l’action des habitants et à plusieurs pans de la recherche scientifique, et sont l’objet de compromis ou de conflits entre acteurs.

 Les données suivantes seront mobilisées : bases de données électorales, données environnementales (accumulation de polluants et biomarqueurs des activités industrielles chez les insectes pollinisateurs, impact sur le service écologique de pollinisation), données économiques et sociales, données des réseaux sociaux numériques, données de transactions immobilières, de santé publique et données de mobilisation associative. Nous souhaitons également étudier ces questions au travers de cas de mobilisations environnementales sur des territoires plus circonscrits.

Crédit photo : Adam Lowe Terra Firma.