Présentation

Depuis la révolution industrielle, la Terre serait entrée dans l’Anthropocène, une nouvelle époque géologique au cours de laquelle les humains seraient les principaux acteurs des changements de la planète. L’Anthropocène désigne une époque géologique marquée par la transformation radicale de la relation des humains à la Terre. Le terme signale une nouvelle phase dans les relations entre une planète régie par des lois physiques et biologiques – le système-Terre – et un ensemble de sociétés humaines engagées dans des rapports conflictuels de domination régis par des lois économiques, sociales ou politiques – le système- Monde. Mais comme cette transformation impose de repenser aujourd’hui les échelles et la dynamique de l’action collective, elle impose de repenser conjointement le Monde et la Terre.

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Crédit photo : Stadium, 2013 © Tanja Deman/Wim van Krimpen.

Tel est l’objectif général du Programme interdisciplinaire que nous proposons, « Politiques de la Terre à l’épreuve de l’Anthropocène ». Son périmètre scientifique s’organise autour de deux dimensions centrales, qui se répondent mutuellement : une dimension de représentation et une dimension de gouvernement. Ces deux dimensions recoupent à la fois des enjeux thématiques et méthodologiques, qui ne pourront être traités que dans le cadre d’un travail commun entre sciences naturelles et sciences humaines et sociales. En effet, pour penser ces échelles et dynamiques multiples, l’Anthropocène impose de nouvelles représentations permises par la production de nouvelles données. Mais à l’heure actuelle, l’interopérabilité de nombreuses bases de données demeure problématique, ce qui empêche les chercheurs de penser les transformations du couple Terre-Monde dans ses différentes dimensions. Faute de données partagées pour suivre ces transformations, les rapports difficiles entre sciences, expertise et politique paralysent le gouvernement de ces nouveaux enjeux.

C’est pourquoi le programme « Politiques de la Terre à l’épreuve de l’Anthropocène » rassemble des équipes de plusieurs disciplines et de plusieurs établissements de Sorbonne Paris Cité, autour de quatre « épreuves » qui cristallisent à chaque fois, autour des problèmes de partage des données, des enjeux de représentation et de gouvernement :

Géopolitique des dioxydes de carbone,

Expertise des risques et médiatisation des catastrophes,

Territoires, Frontières et Migrations 

Santé, Environnement et Biodiversité 

Ces quatre épreuves se déclinent en projets de recherche et en activités d’enseignement et de valorisation. Elles s’inscriront dans le débat public en proposant aux différents acteurs concernés des instruments et méthodes pour apprendre à naviguer dans des paysages de données controversées. Les interactions produites permettront de tester les propositions que le programme aura construites et qui ont vocation à renouveler aussi bien le débat public que la politique scientifique.