Dynamiques des zones critiques et conflits d’urbanisation

 

Comme pour les deux autres épreuves, nous avons choisi de nous placer résolument dans une situation de doute quant au bien-fondé des instruments historiquement mobilisés et qui distinguaient deux systèmes, le Monde et la Terre, en choisissant un cas particulier celui des conflits d’urbanisation, cas idéal de mélange social et naturel. Les outils classiques ne sont pas obsolètes, comme ont pu le croire ceux qui ont annoncé la « fin de la géographie » et l’avènement d’un « monde plat » organisé par des réseaux où se réaliserait enfin la victoire de « l’espace des flux sur l’espace des lieux ». Contrairement aux hypothèses proposées par les plus radicaux de ces auteurs, la période historique de transition entre l’ère industrielle et l’Anthropocène se caractérise moins par une abolition des distances et des limites que par une transformation rapide et une complexification de celles-ci.

Comprendre les territoires de l’Anthropocène impose donc d’hybrider simultanément les concepts et les objets géographiques, en évitant de confondre ces deux dimensions. Même si on sera amené à en rediscuter certains aspects dans le cadre de ce programme, le cadre dit TPSN constitue le socle théorique et méthodologique initial des expériences que nous proposons de développer pour esquisser la cartographie du Monde et de la Terre à l’ère de l’Anthropocène.

Comme pour le cas du CO2, il faut entendre cartographie dans un sens très large qui dépasse la seule visualisation de la surface terrestre et renvoie plutôt à un triptyque « penser-mesurer-représenter» qui n’est pas plus l’apanage de la géographie que d’autres disciplines, hormis le fait qu’il s’applique au dorénavant double objet (système Monde/Terre) dont on peut supposer qu’il dispose de propriétés géométriques singulières susceptible d’influer conjointement sur la dynamique des phénomènes naturels et sociaux. Mais la nature de cette géométrie n’est pas introduite d’emblée comme variable explicative et peut constituer au contraire le résultat de l’analyse. L’objectif est donc de définir une géographie mouvante où les lieux se rapprochent ou s’éloignent selon l’importance des flux qui les relient, où les proximités dépendent à la fois de la nature des flux considérés et même des acteurs qui participent à l’échange. S’il existe déjà une esquisse de ce que pourrait être une telle analyse spatiale des phénomènes sociaux, tout reste à faire pour l’appliquer à l’articulation des phénomènes sociaux et naturels.

Équipe

N. Blanc (géographie, Paris Diderot – co-pilote), I. Dajoz (écologie, Paris Diderot – co-pilote), J. Chiche (statistique, Sciences Po – co-pilote), D. Boy (sciences politiques, Sciences Po – co-pilote), A. Jardin (sciences politiques, Sciences Po), C. Grasland (géographie, Paris Diderot), M. Foucault (sciences politiques, Sciences Po), N. Douay (aménagement, Paris Diderot), R. Le Goix (géographie, Paris Diderot), A. Rankovic (écologie, IDDRI), P. Genet (écologie, Paris Diderot), É. Motard (écologie, Paris Diderot), C. Schmoll (géographie, Paris Diderot), M. Severo (communication, Paris Diderot), J. Gaillardet (géochimie, IPGP), S. Treyer (gestion de l’environnement, Iddri), F. Garlatti (géographie, Paris Diderot), Marianne Cohen (géographie, Paris Diderot), S. Angles (géographie, Paris Diderot), É. Gresillon (géographie, Paris Diderot), Th. Lamarche (économie, Paris Diderot), A. Flahault (santé publique, Paris Descartes), S. Schütte (santé publique, Paris Descartes), O. Borraz (sociologie, Sciences Po), A. Bar-Hen (statistique, Paris Descartes).

Objectifs

AdamLoweTerraFirmaL’étude des gradients centre-périphérie des grandes métropoles est un enjeu majeur du programme, qui postule que la compacité urbaine est un gage de durabilité. La croissance des espaces périurbains a renforcé la dépendance automobile de familles avec enfants. La peur du déclassement social y alimente les votes d’extrême-droite et le ressentiment contre des espaces centraux et péricentraux. Les marges urbaines constitueraient donc des zones critiques sur le plan politique, tout comme elles le seraient sur le plan écologique (mitage des espaces naturels par les lotissements), sur le plan sanitaire (exposition spécifique aux polluants agricoles, éloignement des centres de soin) et sur le plan des réseaux sociaux (importance des lieux de sociabilité virtuels de type Facebook ou Twitter). Nous souhaitons également étudier les formes de mobilisations environnementales en ville (agriculture urbaine, jardins partagés, etc.), où émergent des formes renouvelées d’action collective, de réappropriation du territoire et de prise en charge de l’environnement. Ces nouveaux modes d’attention à l’environnement (stewardship) mettent en jeu tant sa représentation que son gouvernement, et sont l’occasion d’une production de données qui est, conjointement, en prise directe à l’action des habitants et à plusieurs pans de la recherche scientifique, et sont l’objet de compromis ou de conflits entre acteurs.

Méthode

Cette focalisation sur les marges peut toutefois masquer le problème plus général et plus intéressant des continuités ou rupture du gradient d’urbanité le long de transects allant du centre des agglomérations à leur périphérie. Nous nous focaliserons sur l’agglomération parisienne et sa périphérie (bassin parisien s.s.) où nous disposons d’un important corpus de compétences et de données. En nous centrant sur l’espace constitué par le grand bassin parisien et en adoptant une échelle de distance pour définir les anneaux d’observation, nous pensons qu’il est possible de mettre en rapport de nombreuses contributions des partenaires du projet, que ce soit en écologie (travaux sur les marqueurs biologiques type insectes pollinisateurs), en sciences politiques (hypothèse d’une spécificité électorale des marges urbaines), en santé-médecine (hypothèse d’une exposition plus ou moins grande aux risques sanitaires) et enfin bien sûr dans le domaine des sciences de la Terre. Nous souhaitons notamment tester l’hypothèse d’une variation quantitative (profondeur, biogéochimie) mais aussi qualitative (types de modifications de la lithosphère, types de facteurs anthropiques en jeu) de la zone critique, dans le sens que lui donnent les géosciences, selon la position dans les anneaux du gradient d’urbanité, depuis les espaces très anciennement urbanisés (Paris-Centre et ses catacombes), jusqu’aux espaces de grande culture (Plateau de Brie ou de Beauce) en passant par les espaces intermédiaires de l’ancienne banlieue industrielle de Paris et ses zones à forte contamination industrielle. Les données suivantes seront mobilisées : bases de données électorales, données environnementales (accumulation de polluants et biomarqueurs des activités industrielles chez les insectes pollinisateurs, impact sur le service écologique de pollinisation), données économiques et sociales, données des réseaux sociaux numériques, données de transactions immobilières, de santé publique et données de mobilisation associative. Nous souhaitons également étudier ces questions au travers de cas de mobilisations environnementales sur des territoires plus circonscrits.

Crédit photo : Adam Lowe Terra Firma.

Expertise des risques et médiatisation des catastrophes

« La science propose, la société dispose. » Telle était l’idée classique. A l’interface on trouvait d’un côté les experts, issus des milieux scientifiques qui résumaient, simplifiaient et limitaient l’étendue des savoirs ; de l’autre les politiques capables, on le supposait, d’être les porteurs des valeurs et des attentes de la « société ». Il ne reste plus grand chose de ce modèle par percolation. Ni l’autorité scientifique, ni celle des experts, ni celle, bien sûr, des politiques, ne permettent d’aligner ainsi les savoirs depuis les plus spécialisés jusqu’aux plus partagés. Les controverses font rage en chaque point de cette ancienne ligne obligeant ainsi à retravailler tous les termes.

epreuve2_01Cette situation d’incertitude épistémique et aléatoire, désormais partagée, et de controverses portant sur tous les points (doute sur la représentativité des militants, sur l’indépendance des experts, sur la validité des programmes de recherche des scientifiques, sur les intentions des gouvernants, sur la qualité des médias, etc.) oblige à une tout autre approche que nous voudrions tester grâce à la combinaison des sociologues, des politistes et des spécialistes des médias en collaboration avec les laboratoires en charge de la surveillance des risques dits « naturels ». En effet, la prévision des catastrophes naturelles concentre à peu près tous les savoirs (depuis les plus fondamentaux jusqu’aux plus administratifs en passant par les ethnosciences), alors que l’analyse des effets qu’ils ont les uns sur les autres ne peut pas faire appel à la clôture habituelle des controverses du fait de l’importance des médias et de l’ampleur des conséquences de chaque décision. La collaboration originale que nous voulons initier a pour but de suivre cette situation de controverse en évitant la distinction entre savoir assuré d’un côté et déformation médiatique ou administrative de l’autre.

Équipe

T. Ribémont (sciences politiques, Paris 13 Nord – co-pilote), É. Kaminski (dynamique des fluides, IPGP – co-pilote), Claude Grasland (géographie, Paris Diderot – co-pilote), F. Beauducel (géophysique, IPGP), N. Feuillet (tectonique, IPGP), J.-C. Komorowski (géologie, IPGP), M. Devès (géophysique, IPGP), J.-B. de Chabalier (tectonique, IPGP), Marta Severo (communication, Paris Diderot), Marion Le Texier (géographie, Paris Diderot), Tommaso Venturini (sciences de l’information, Sciences Po), François Gemenne (sciences politiques, Sciences Po), O. Borraz (sociologie, Sciences Po), A. Flahault (santé publique, Paris Descartes), S. Schütte (santé publique, Paris Descartes).

Objectifs

Cette épreuve propose une réflexion commune sur l’expertise, la médiatisation et la gestion des catastrophes. Son objectif général est d’améliorer la gestion des crises liées aux risques naturels en élucidant les difficultés croissantes de positionnement de l’expertise scientifique dans le dialogue entre pouvoirs publics et acteurs de la société civile. Comment comprendre que les savoirs et données produits par les scientifiques, à l’exemple des scenarii élaborés par les sciences de la Terre en matière de risques telluriques ne soient généralement pris en considération que dans des contextes de gestion de crise et/ou post crise et non en amont ? Comment mettre en oeuvre les conditions d’une large circulation de ces savoirs ? Cette analyse combinera à la fois des réflexions théoriques (sociologie des organisations, épistémologie et méthodologie de l’expertise, sciences de la décision) et des études empiriques de crises de l’expertise lors de catastrophes singulières (crises volcanologiques de la Soufrière de Guadeloupe en 1976 et de Montserrat de 1995 à 2014, catastrophes de Tchernobyl en 1986 et de Fukushima en 2011). Elle débouchera sur des préconisations pour remédier aux erreurs avérées de gestion des crises, qui cristallisent les difficultés et des enjeux de la prise de décision en contexte d’incertitude, ainsi qu’une offre de formation en direction des scientifiques, experts et des cadres administratifs.

Un second enjeu consisterait à examiner si les règles générales qui régissent traditionnellement la médiatisation des catastrophes (lois de Galtung) sont en cours de transformation depuis l’avènement d’internet et la montée en puissance des enjeux écologiques. Cette hypothèse appelle une réflexion sur les instruments de mesure des catastrophes et la frontière – plus poreuse qu’il n’y paraît – séparant les mesures « objectives » et « subjectives ». Les tremblements de terre offrent de ce point de vue un terrain idéal de comparaison et d’appariement de mesures issues de capteurs physiques (sismographes), capteurs économiques et sociaux (nombres de morts, ampleur des dégâts) et capteurs médiatiques (nombres de tweets, de flux RSS). Nous proposons d’utiliser les tremblements de terre comme instrument d’étalonnage de capteurs médiatiques qui pourraient ensuite être appliqués à d’autres types de catastrophes présentes (migrants climatiques, victimes de famine ou de sécheresse, crises sanitaires, etc.)

Méthode

Croisant les deux enjeux, nous proposons d’analyser l’hypothèse de formation d’un nouvel espace public mondial à l’ère de l’Anthropocène, caractérisé par une dilution des frontières de l’expertise et un rôle croissant des médias dans la gestion des catastrophes. Cette analyse s’appuiera sur plusieurs jeux de données :

• Géographie et média : dépêches et articles issus de bases de données historiques pour les agences de presse et divers journaux internationaux et de bases de données dynamiques du web 2.0 (flux RSS, réseaux sociaux).

• Géophysique et risques : catalogues sismiques, données de quantification de l’aléa et des risques, rapports divers des acteurs impliqués pendant les crises (RETEX, experts autorisés et profanes, politiques, archives média), chroniques de crise

Présentations de la Journée d’épreuves “Risques” et “Territoires” 29/04/14 .

Épreuve « Risques » : La place de l’expertise dans la gestion et la perception des risques naturels : 

♦ Introduction de la demi-journée par Édouard Kaminski (IPGP) et Thomas Ribémont (Université Paris 13)

♦ Thomas Ribémont (Université Paris 13) : Discussion de l’expertise

♦ Maud Devès (IPGP) : La place des scientifiques dans la crise volcanique de Guadeloupe en 1976 : Quelles leçons pour la gestion des crises futures ?

♦ Sébastien Treyer (IDDRI-Sciences Po) : Retour d’expérience sur Fukushima

Épreuve « Territoires » Médias et territoires à l’ère de l’Anthropocène / Analyse interdisciplinaire des territoires et des mobilisations environnementales

♦ Introduction de la demi-journée par Claude Grasland (Université Paris Diderot), Daniel Boy et Jean Chiche (CEVIPOF-Sciences Po)

♦ Marion Le Texier (Université Paris Diderot) : La médiatisation des tremblements de terre

♦ Claude Grasland (Université Paris Diderot) : La nouvelle carte géopolitique du Monde au prisme des flux commerciaux et des flux médiatiques

♦ Julien Caudeville (INERIS) : Croisement des inégalités territoriales environnementales et sociales de santé : développement des outils d’analyse

♦ Nathalie Blanc (LADYSS) : Étude transatlantique des mobilisations environnementales urbaines et des enjeux de leur visualisation

♦ Sébastien Treyer (IDDRI-Sciences Po) : Mobilisations sociales environnementales en ville : comment donner à voir la capacité de prise en charge ? L’exemple des mobilisations pour les natures urbaines à la Plaine Commune.

Présentations de la Journée d’épreuves “Risques” et “Territoires” 27/05/14 :

Première partie : Présentations des axes « Territoires » et « Risques »

♦ Introduction de la matinée par Jean Chiche (Sciences Po) et Édouard Kaminski (IPGP)

♦ Nicolas Douay (Université Paris Diderot) : Le(s) territoire(s) des réseaux sociaux numériques : le cas des géo-référencements sur Facebook

♦ Sébastien Treyer (IDDRI – Sciences Po) : Le projet d’étude de la Plaine Commune

♦ Discussion collective sur les Gradients d’urbanité et de durabilité, animée par Jean Chiche (Sciences Po)

♦ Maud Devès (IPGP) et Marion Le Texier (Université Paris Diderot) : Médias et tremblements de terre : analyse de la période récente

♦ Jean-Christophe Komorowski (IPGP) et Claude Grasland (Université Paris Diderot) : Gestion, médiatisation et mémoire des catastrophes volcaniques de Monserrat et de la Guadeloupe

♦  Édouard Kaminski (IPGP) : La notion de zone critique vue par les géologues suivi d’une discussion collective

 

Crédit photo : Image extraite de Melancholia de Lars Von Trier, 2001.

 

Géopolitique des dioxydes de carbone

Le dioxyde de carbone (CO2) est l’un des traceurs essentiels de l’Anthropocène, aussi bien dans sa dimension industrielle courte que dans sa dimension d’histoire de la vie. Le COest devenu la molécule repère des différents noeuds et controverses de l’Anthropocène, puisqu’elle permet de visiter aussi bien la géohistoire (sur des durées à la fois longues – géologiques – mais aussi courtes – historiques) qu’une large partie de la vie industrielle actuelle et en projet.

Cette épreuve cherche à dresser une cartographie des CO2, non pas au sens d’un « cycle du CO» comme on peut en trouver dans les manuels, mais d’une carte géopolitique du COqui comprendrait l’état des forces en présence (les scientifiques de telle ou telle discipline et leur coopération ou absence de coopération) et surtout les identités différentes du CO2, pour des buts et des avenirs différents. Ces cartes permettraient de marquer aussi les nombreuses terres inconnues de la connaissance. Il s’agit donc de refragmenter un cycle du COqui serait trop vite unifié par une version simplement pédagogique du « cycle du CO». Au lieu de considérer le COcomme une boîte noire et de suivre ensuite comment il s’est politisé en aval de la science, l’idée est, au contraire, de repérer toutes les identités multiples des CO2, pour rouvrir les possibles. L’épreuve vise à désenchasser la diversité des COdans un dialogue qui ne se réduise pas à la mise en oeuvre d’un horizon technique trop fermé ; il faut au contraire faire comprendre que, dans l’histoire de l’Anthropocène, il n’y a pas de futur écrit, ce qui permet de donner une nouvelle liberté de manoeuvre à la politique scientifique et industrielle.

Équipe : 

Marc Robert (électrochimie, Paris Diderot – co-pilote), Avner Bar-Hen (statistique, Paris Descartes – copilote),

Daniel Boy (sciences politiques, Sciences Po), Bruno Latour (sociologie, Sciences Po),

Tommaso Venturini (sciences de l’information, Sciences Po), Sébastien Treyer (gestion de l’environnement, Iddri),

Bénédicte Ménez (géobiologie, IPGP), Aleksandar Rankovic (écologie, Iddri).

Objectifs

epreuve1_02Bien que le COsoit devenu le marqueur aussi bien de la politique que de l’économie planétaire au point d’être désormais le pivot des débats autour de l’Anthropocène, cela ne veut pas dire qu’on serait simplement passé des sciences naturelles aux sciences politiques. En effet les chimistes, biologistes, géologues, pédologues, physiciens, climatologues, ont tous des définitions distinctes du CO2, définitions qui diffèrent de celles des économistes, des géopoliticiens et des ONG, définitions qui, à leur tour, diffèrent massivement des représentations que le public peut en avoir. Si l’on voulait dessiner un « cycle du carbone », ou un « cycle du CO» il faudrait gommer toutes ces différences pour obtenir une version moyenne et en fait profondément inexacte de la situation réelle. L’objectif de cette épreuve n’est pas d’intégrer toutes ces définitions dans une vision globale, mais de pouvoir au moins comparer les versions dissemblables : en effet chaque définition dessine à chaque fois une certaine représentation de la planète, distribue des responsabilités sur l’origine de la situation actuelle et propose une certaine vue de ce qu’il faudrait faire dans l’avenir. Chaque version correspond donc à un format du type : « si le COa telle et telle propriété, alors telle et telle entité est responsable et il faudrait définir telle ou telle action dans l’avenir ».

Méthode

Il n’existe pas, aujourd’hui, d’institution (ni en politique scientifique ni en politique proprement dite) pour aider à mailler ces fragments et à dresser la carte géopolitique des CO2. À cette fin, plusieurs situations de la molécule seront cartographiées :

• sa présence dans les travaux scientifiques de diverses disciplines (scientométrie),

• son influence dans les négociations internationales sur le climat,

• mais également sa perception dans l’opinion, grâce à une réinterprétation de sondages menés annuellement pour le compte de l’ADEME.

Pour rendre les versions comparables nous proposons de désagréger le « cycle du CO» en autant d’agrégats que nécessaires. Pour obtenir un référentiel commun, il nous faut reconstituer les agrégats à partir d’un vocabulaire minimal commun en posant à des données d’origine distinctes les questions suivantes en faisant réagir les spécialistes aux premiers fonds de cartes tirés à partir des bases de données existantes.

Ces questions sont organisées selon les sections suivantes :

• quelles disciplines ? (paradigmes)

• quelle distribution de responsabilité ? (histoire)

• quels futurs possibles ? (politique scientifique et industrielle et politique tout court).

Au cours de la recherche, nous simulerons avec de plus en plus de réalisme, la discussion de politique scientifique qui devrait permettre de comparer des définitions des COavec des projets de politique scientifique et industrielle grâce à cet équipement cartographique minimal (la COP21 permettra évidemment d’accélérer et de médiatiser considérablement ces itérations).

Présentations de la Journée d’étude Co2 – 08/04/14 : 

♦  Introduction de la journée par Marc Robert (Université Paris Diderot)

♦ Pierre Agrinier (IPGP) : La séquestration géologique du CO: des problèmes variés

♦ Daniel Boy (CEVIPOF – Sciences Po) : Représentations sociales du CO2

♦ Henri Waisman et Sébastien Treyer (IDDRI – Sciences Po) : Trajectoires nationales de décarbonation : débats politiques et agrégations entre gaz et secteurs nationaux

♦ Aleksandar Rankovic (IDDRI-Sciences Po & IEES-Paris) : Carbone, nutriments et relations sols-plantes à l’anthropocène

Crédit : Article du Monde : “Le taux de CO2 dans l’air au plus haut depuis plus de 2,5 millions d’années”